THE OLD DEAD TREE - Rencontre avec Manuel Munoz (chant, guitares) et Foued Moukid (batterie) à l'occasion de leur retour au Festival de Noël à Limoges (THE OLD DEAD TREE + FURIA + HIMINBJORG + DYLATH LEEN + ATARAXIE), cette fois en tête d'affiche! - Decembre 2005.

Leprozy : Commençons par parler du dernier album (The Perpetual Motion). Comment celui-ci a t'il était accueilli? Vous l'avez défendu pas mal sur scène…

Manu : Au niveau de l'accueil extrêmement bien! On a un peu tourné cette année effectivement, avec quelques dates en France et à l'étranger avec EPICA et SAMAEL aussi un petit peu. On a fait quelques festivals aussi ce qui a permis de rencontrer un public assez divers. Et puis au niveau de la presse on a eu un très très bon accueil! Les critiques sont toutes excellentes, je crois que les plus mauvaises notes que l'on est c'est du 8/10.

Cela découle du premier album (The Nameless Disease) qui avait déjà était beaucoup apprécié…mais justement entre ces deux albums je pensais qu'il allait y avoir une évolution peut être plus marquée?

Manu : C'est vrai que l'on a souhaité garder la continuité tout en ajoutant des choses nouvelles. On a gardé la même base et on a essayé d'élargir un peu le panel, c'est à dire pour les côtés violents plus violents et dans les côtés calmes plus calme encore. Il y a plus de morceaux où il y a du chant clair par exemple, d'autres morceaux beaucoup plus axés sur les chants death metal. Il y a l'ajout de samples dans une volonté de création d'ambiances au niveau de l'esprit PINK FLOYD dont on est grand fans. C'est tout cela qui joue un petit peu. La production qui est plus chaude, plus personnalisée en compagnie d'Andy Classen. On a encore beaucoup travaillé avec lui, il s'est vraiment beaucoup investi. Donc voilà c'est le premier album mais en plus mature, plus abouti.

Andy Classen qui apprécie justement beaucoup plus votre musique il me semble?

Manu : Je penses que pour lui c'est un petit peu une bouffée d'air frais! Quand à longueur d'année tu enquilles les groupes de Death et de Black il y a des moments où même si tu aimes beaucoup le style c'est bien de changer un peu! Comme on est un des seul groupe un peu mélodique avec lequel il travaille…il aime beaucoup en effet!
Pour cet album, avant d'aller chez lui on avait un petit peu parler de ce qui allait se passer et lui il tenait vraiment à le faire. Et là il s'est beaucoup investi dans la production, il a vraiment changé ses méthodes par rapport à The Nameless Disease qu'il avait enregistré de la manière qu'il travaille "habituellement", sur des schémas un peu classiques. Cette fois-ci, il a cherché par exemple à privilégier l'émotion par rapport à la perfection.
Quand tu enregistres un DEW SCENTED ou un DISBELIEF tu as un riff qui est très carré, faut pas que ça dépasse. Quand tu enregistres du THE OLD DEAD TREE il y a un côté beaucoup plus rock, un peu plus groovy, moins froid, plus chaleureux. Ça passe aussi par des petites imperfections, des petits craquements dans la voix, des petites choses qui rendent la chose plus humaine. Il a beaucoup recherché ça en fait. On va pas dire qu'il a recherché l'erreur parce que ça serait un bien grand mot mais il a recherché le côté humain…

Dans les prises vous avec donc privilégié les premiers instants?

Manu : Pas mal. C'est vrai que c'est triste à dire mais tu vas travailler deux heures sur une prise et c'est la première la bonne (rires)! Tu retrouves pas la magie après.

En bénéficiant de l'expérience du premier album, sur quel côtés en particulier cela vous a le plus aidé, où vous vous êtes senti le plus mature?

Manu : Avant le premier album, on avait toujours enregistré en home studio avec quelqu'un que l'on connaissait et nous mettait en confiance. Là on partait en Allemagne avec un type réputé vraiment dans toute l'Europe et c'était notre premier contrat, notre premier album, il y avait tout un ensemble qui faisait que l'on avançait un peu dans l'inconnu. On se laissait guider sans trop savoir et c'est peu être aussi pour ça que l'on a pas eu quelque chose de vraiment personnalisé, même si on a eu un très bon son. Cette fois-ci effectivement on savait déjà beaucoup plus ce que l'on voulait, Andy savait exactement ce que l'on faisait comme type de musique et il savait lui aussi ce qu'il voulait. On a vraiment pu travailler la dessus en profondeur et ça s'est fait, je vais pas dire de manière idyllique mais presque.

Concernant l'accueil à l'étranger, vous avez pas mal tourné avec EPICA. Est-ce que vous ressentez lors des concerts qu'il y a une fan base qui se développe là-bas, des gens qui se déplace pour vous?

Manu : Très bon accueil en Hollande. Malheureusement l'Allemagne on a pas pu encore y aller. On retourne avec EPICA en Hollande pour une mini tournée de quatre dates début Janvier. Les gars d'EPICA ont dis que l'on était plutôt attendu là-bas. Comme on a eu de très bonnes chroniques et de très bons papiers un peu partout en Hollande, visiblement c'était bien parti. Et puis au niveau des ventes ça suit aussi pas mal.

Votre avis sur votre prestation au Fury Fest où vous avez joué sur la grande scène. Cela c'est bien passé de votre côté?

Manu : On jouait assez tôt. On était le deuxième groupe de la grande scène donc on devait jouer en troisième ou quatrième position sur l'affiche. C'était notre premier gros festivals, on a fait beaucoup de festival de moyenne envergure. Là l'idée c'est que quand tu rentres sur scène il n'y a personne car tout le monde est en train de voir un autre concert. C'est au fur et à mesure que les gens viennent, et c'est vrai que quand tu joues dans une salle qui a une capacité de 10000 personnes et qu'il y a 150 personnes devant toi c'est pas forcément évident, mais ça c'est très bien terminé. Le problème c'est qu'il y a eu visiblement des petits soucis d'organisation qui fait que les gens n'ont pas pu rentrer tous depuis le départ ce qui fait qu'il y a des gens qui ont raté notre concert alors qu'ils voulaient venir. Tout le monde n'était pas rentré. Mais je crois que l'on a fini aux alentours de 4000-5000 personnes.

Comme à tous les autres groupes de ce festival, je tenais à vous demander votre avis sur un groupe français qui est en train de percer à l'étranger en ce moment, avec de super kros dans des mags références : GOJIRA!

Manu : Vraiment les bonnes chroniques suffiront pas. Maintenant ça va dépendre de leur maison de disques s'ils arrivent à bien les booster là bas. Mais s'il y a un groupe qui peut percer juste en live sans les kros c'est bien GOJIRA.

Foued : faut pas lui parler de GOJIRA…

Manu : (rires) je les connaît depuis des années, à l'époque ou il s'appelait Godzilla. Je suis très très fan de ce groupe! Déjà en France ce qui manquait c'était un leader, une tête de file qui va casser un peu les barrières et GOJIRA ils ont tout ce qu'il faut. C'est un groupe exceptionnel et ils méritent vraiment ce qui leur arrive.

Ils arrivent à rassembler un public très diversifié, notamment beaucoup de jeunes amateurs de neo…

Manu : Je vois pas trop le côté néo perso mais il y a aussi leur attitude. C'est des mecs qui s'embêtent pas sur leur style, ils viennent à la cool. Je penses que ça se connaît plus dans le neo justement que dans le metal traditionnel où il y a une tenue vestimentaire à avoir sinon ça passe pas très bien (rires)!

Foued : donc t'es un espion de GOJIRA (rires)!

(rires) Non pas du tout! Juste que comme cela faisait longtemps que c'était pas arrivé, je trouvais intéressant de poser la question aux autres groupes…

Foued : non, c'est bien justement que tu poses la question! Et qu'est-ce qu'en penses les autres groupes?

Dans leur ensemble, beaucoup ont trouvé cela très positif même si tous ne sont pas fans de leur musique. Michaël de FURIA trouvait de son côté que c'était dommage qu'ils ne mettent pas plus en avant les autres groupes français…

Manu : pour en revenir, il n'y a pas beaucoup de groupes français qui arrivent à s'exporter, nous on a la chance d'y arriver un petit peu et on a très très régulièrement des questions sur la scène française. Déjà il y a un a priori extrêmement négatif, faut dire ce qui est, et les questions c'est du genre : c'est incroyable quand j'ai écouté votre cd j'aurais jamais imaginé que vous veniez de France!

Avec les progrès de la technologie et le développement des Home Studio permet aussi peut-être aux groupes de proposer un produit aboutit, pro, ce qui a pas toujours était le cas par le passé pour les groupes français…

Manu : Le Home Studio c'est à la fois une excellente chose mais c'est aussi extrêmement nuisible à la scène. C'est peut être idiot ce que je vais dire mais avant les groupes étaient obligés de passer par la case maison de disques, et avant de signer un groupe elle faisait un tri monstrueux, sur de bonnes ou mauvaises raisons. Mais ce qui se passait c'est qu'il n'y avait que peut être 10% des groupes qui arrivaient à sortir un album. Alors que maintenant avec le home studio tout le monde sort un album béton avec un son monstrueux. Cela nuit à la scène et particulièrement à la scène Metal qui se retrouve étouffée.

Et autrement votre avis concernant l'affiche de ce soir? Les autres groupes?

Manu : Je ne connais que de nom! Pour l'instant tout le monde est très sympa avec nous. J'avais un problème d'ampli et le guitariste de DYLATH LEEN est venu spontanément me prêter le sien. On croise de temps en temps ATARAXIE dans le studio où l'on répète mais sinon…

Foued : Je connais aussi un petit peu ATARAXIE et FURIA avec qui j'avais joué avec mon ancien groupe. C'est une très très bonne affiche.

Cela permet de vous retrouver entre groupes français et de créer éventuellement des liens…

Foued : Le problème c'est qu'il y a une espèce de compétition entre les groupes français encore aujourd'hui, qui tend à s'estomper. Mais quand tu entends un type comme Michael de FURIA - que j'adore, les mecs de FURIA je les adore tous- qui parle de GOJIRA en disant ils essaient pas de nous placer à l'étranger, je vois pas l'intérêt! Quand je te parles de compétition, c'est dommage ça…A côté de ça quand on est sur scène, spontanément on peut nous prêter du matos donc il y a aussi quelque chose. A partir d'un certain degré de professionnalisme j'ai l'impression qu'il commence à y avoir quelque chose d'intelligent qui se produit et on a besoin de ça!

Et pour finir comme le set d'ATARAXIE va commencer et que je ne veux pas vous le faire louper (et moi non plus!), comme on est en fin d'année et que c'est la période de vœux et de bonnes résolutions pour l'année qui vient…

Manu : Déjà on aimerait bien faire une tournée européenne si c'était possible en première partie d'un groupe…

Foued : …si vous nous entendez (rires)!

Manu : Sinon je penses que l'on va surtout s'axer sur les festivals de cet été dans ce que l'on pourra décrocher, je crois savoir qu'il y a plusieurs offres qui sont en cours. Voilà tourner un maximum en France et à l'étranger!

C'est important pour vous de défendre votre musique sur scène?

Manu : c'est primordial, vraiment indispensable!

Foued : en France surtout!

Mais hormis le côté promotion, du point de vue faire vivre votre musique en live, la partagez avec un public?

Manu : Le studio et le live c'est vraiment deux choses bien différentes. La musique est pas du tout faite de la même façon. Le studio c'est très égoïste et le live c'est vraiment pour le "public". Quand tu fais un concert et que le public et pas vraiment présent ou se sent pas concerné ce qui peut arriver sur des affiches un peu trop éclectiques c'est vraiment dur. Tandis que le studio, je sais pas comment le ressente les autres, mais concrètement j'ai pas grand chose à faire de savoir si les gens vont aimer ou pas à partir du moment où moi ça me plait et que j'ai réussi à faire le truc que je voulais ça me satisfait. Donc voilà c'est deux choses différentes. Mais le live c'est très important effectivement!

Ok et bien merci beaucoup à vous deux, et bon concert ce soir à Toulouse… ;-)

Retour : INTERVIEWS

Retour : ACCUEIL