SEBASTIAN BACH - Entretien avec Sebastian Bach réalisé à Barcelone le 9 juillet 2007, après son show sur la scène du Bikini.

Par YvesZ.


Leprozy : Salut Baz, C'est vraiment un immense plaisir de te retrouver et de te voir à nouveau sur scène en Europe.

Baz : Pareil pour moi, YvesZ, je crois pouvoir dire qu'après toutes ces années, tu as réussi l'examen de passage de tout bon fan de Bach !! (rires).

Baz débouche une bouteille de vin rouge, se roule un joint d'herbe et m'ordonne de me préparer pour rester avec lui une bonne partie de la soirée. Le garçon a visiblement peu envie d'affronter la quarantaine de groupies qui poireautent dans le couloir et demande à son manager qu'on nous laisse tranquille.

Tu es sur la route en Europe pour une poignée de shows seulement, en Italie, Espagne, Norvège et Turquie.

Exact, et on revient juste d'une tournée mondiale en ouverture de GUNS'N ROSES. Nous arrivons d'Australie et Nouvelle Zélande. C'est la plus incroyable tournée que j'ai pu faire là-bas, et ça m'éclate totalement de me dire qu'après 20 ans sur la route, je viens de réaliser ma plus grosse tournée, et que d'autres grands projets sont à venir.

Ton pote Axl Rose a joué un grand rôle dans cette aventure.

C'est clair. Il l'avait déjà fait en 1991 avec mon ancien groupe (SKID ROW avait assuré cette année-là, la première partie de la tournée US des GUNS'N ROSES au moment de la sortie du fameux " Use your illusion ", de même qu'une tournée européenne estivale des stades au cours de laquelle les Skids avaient été bannis du Wembley Stadium pour avoir joué le titre " Get the fuck out ". ndlr). Et Axl n'a pas hésité à le refaire avec mon groupe solo. Je dois vraiment le remercier pour tout ça, pour tout ce qu'il fait pour moi. J'adore tourner, j'adore les scènes immenses, et il m'aide à réaliser mon rêve. Je vis un moment énorme de ma vie actuellement et avec ça, l'album va bientôt sortir …

Une date de sortie en bac a été fixée ?

Non, pas encore, mais ce sera en fin d'année. Jason Fom de EMI, qui a signé SKID ROW à la fin des années 80 vient de signer mon projet, et ça, c'est génial. Il a carrément accroché sur le titre " By your side ", que tu as pu écouter ce soir.

Ce n'est pas le seul nouveau titre que tu ais joué ce soir, puisqu'on a pu aussi découvrir " American Metalhead ", " Stuck inside ", " You don't understand ", et "Love is a bitchslap " qui paraîtront sur " Angel Down ". Mais tu as surtout joué un titre vraiment spécial, " Beggar's day " !

Yeah !! (Baz se met à hurler, en reprenant le refrain à tue-tête). Dans SKID ROW, Scotti et Snake aimaient ce titre, mais Rachel Bolan le détestait. Il ne le voulait pas sur l'album "Slave to the grind ", ni le jouer sur scène.

C'est pourtant un des titres les plus géniaux de SKID ROW, et je le considère comme un lien entre ta période passé et ce que tu composes aujourd'hui.

J'ai écrit ce titre avec Snake et Rachel. Cette mélodie est vraiment dans mon style, et je le voulais sur toutes les versions de l'album. Il n'apparaît qu'en bonus sur certaines versions (la version US sur laquelle " Get the Fuck Out " a été censuré, et en bonus sur le pressage japonais. ndlr). Mais je tenais absolument à le jouer sur scène.

Ce titre sonne comme du AEROSMITH joué par JUDAS PRIEST !

Yeah ! (Baz se remet à hurler, et le tour-manager se pointe pour s'assurer que tout va bien). C'est Phil Anselmo, de PANTERA, qui me tannait en permanence pour qu'on joue ce titre, et il en considère le riff comme un truc parmi les plus heavy qui soit !

Avec un guitariste comme Metal Mike, ce titre sonne d'enfer sur scène, et il rappelle " Delivering the goods " du PRIEST.

Tu parles, et dire que ce mec a joué avec Rob Halford ! C'est vraiment mon lien avec mon idôle (Baz est un fan absolu de Rob Halford. Ndlr). J'avais déjà choisi " Delivering the goods " pour le EP " B-sides ourselves ". Et aujourd'hui, je suis toujours le même. Je veux vraiment quitter cette terre avec le sentiment du devoir accompli. Je peux dire que je suis fier de 99% des choses que j'ai réalisées. Bien sur, il y a toujours des trucs qu'on voudrait corriger, comme deux ou trois trucs sur l'album des LAST HARD MEN, mais pour le reste, j'assume complètement.

Tu as composé ton prochain album " Angel down " avec pas mal de song-writers.

Oui, mais finalement, l'important c'est la musique qui est jouée, pas ceux qui l'ont écrite.

L'an prochain tu auras 40 ans. Quel bilan tires - tu de ces vingt dernières années ?

Que du bonheur. Je suis dans le Rock'n roll, j'ai joué à Broadway, j'ai fait des shows télé, et j'apparais régulièrement dans la série " The Gilmore Girls ". Cette série est diffusée partout et dans chaque pays où je passe, les gens m'arrêtent pour me demander si c'est bien moi (rires !), comme hier soir, alors que j'étais au resto dans Barcelone. J'ai plus de mal à traîner discrètement en ville à cause de ce rôle que pour ma période dans SKID ROW. Je suis fier de tout ça, et je vais te faire un aveu. Le pire truc, dont je suis le moins fier, c'est ce supergroupe dans lequel j'ai chanté pour un show de télé-réalité (DAMNOCRACY, dans lequel on retrouvait aussi Scott Ian, Ted Nugent, Jason Bonham et Evan Seinfeld. ndlr). Ça, c'est vraiment le truc dont je suis le moins fier … (Baz éclate de rire !).

Et tu as oublié de mentionner que tous les soirs, tu apparais comme invité sur scène avec les GUNS'N ROSES pour un duo avec Axl sur " My michelle ".

Ça, c'est génial.

… et tu as même terminé leur set, lors du show de Wembley, lorsque Axl a eu des problèmes de voix. Là où ton ancien groupe avait été banni en 1991.

Oui, mais c'était au Wembley Stadium, alors que là, on jouait au Wembley Arena pour deux soirs … mais c'était une belle revanche (rires).

La mini tournée européenne actuelle en annonce-t-elle une autre, plus importante ?

Pour l'instant, j'attends la sortie de l'album. Je ne souhaite pas lancer la promo avant qu'il soit en bac. Après, on calera la tournée. Pour cette mini-tournée, c'est Roberto, notre pote tourneur espagnol, qui nous a proposé de nous booker sur trois dates, et je peux te dire que ce soir, j'avais les larmes aux yeux tellement l'accueil du public a été chaleureux. J'adore jouer en Espagne.

Tu m'étonnes. Je vis dans le sud de la France et dès que je peux, je descends à Barcelone. Le public est génial ici.

Tu te souviens de la dernière tournée française avec les Skids, en 1995, on avait joué un peu partout en France, à Lyon, et dans le sud, à Toulouse, … quel truc dément !

Bien sur, que je m'en souviens. Et surtout du show à Lyon, un des tous derniers que tu ais donné avec ton ancien groupe, lorsqu'une coupure d'électricité a clôturé prématurément votre set pendant " Youth gone wild ".

Avec ce qui s'est passé plus tard, cette coupure d'électricité était prémonitoire ! (rires).

Et tu te rappelles du set que tu as donné en 2004, ici à Barcelone, au Razzmatazz ? SLAYER y a donné un set de folie le mois dernier.

Oui, je m'en souviens, c'était dément. Et en parlant de SLAYER, je suis fan de ce groupe depuis plus de 20 ans, et c'est un vrai bonheur d'avoir signé avec Rick Sales Management, qui les a aussi dans son écurie. J'ai beau approché de la quarantaine, j'ai toujours gardé cet esprit de kid. Tu sais, quand tu lis le billboard (le top 50 américain), tu t'aperçois que la moyenne d'âge des chanteurs qui remplissent des stades est de 25 ans. Or, j'y suis encore, sur la scène de ces putains de stades, et à 65 ans, je veux être comme ces mecs de GENESIS, THE POLICE, Steven Tyler ou Ronnie James DIO, à faire du Rock'n roll.

… et le jour où tu joueras sur la Lune, je serai au premier rang !

(Baz éclate de rire et la bouteille de vin est désormais vide aux trois quarts).

Il y a une nouvelle génération dans la famille BACH, avec tes deux fils London et Paris.

Absolument. Paris est batteur dans SEVERED HAND. London, qui n'a que 13 ans, joue de la guitare.

Dans l'émission télé " I married Sebastian Bach ", on te voit lancer le groupe sur scène, lors d'un concert dans un club. Ça te fait quel effet de voir tes gamins emprunter le même chemin que toi ?

J'adore mes enfants. Le plus marrant dans l'affaire, c'est que lorsque j'étais gamin, je ne voulais pas écouter la même musique que mes parents. Mon père était à fond dans LED ZEPPELIN, et je m'étais plongé dans KISS. Je voulais avoir ma propre musique, mes propres idoles. Or, mon fils, London, écoute exactement les mêmes albums que moi. Son album préféré est le " Killers " d'IRON MAIDEN, comme moi à son âge, et dans sa chambre, il a les mêmes posters que ceux que j'avais. Il n'y a aucune autre musique que le Heavy Metal ou le Hard Rock, appelle là comme tu veux, pour te filer une telle émotion, de telles vibrations et une telle énergie, et elle transcende les générations.

Ma fille a juste 4 ans, et elle est déjà en admiration devant Eddie the 'Ead.

Ces artworks ont effectivement une importance particulière. Tu sais que l'artwork de " Slave to the grind ", tout comme l'intérieur du booklet de " Subhuman Race ", reprennent des peintures de mon père. Et l'artwork de " Angel Down " est également une peinture de mon père, très proche de l'esprit de " Slave to the grind ". C'est une chose très importante pour moi, et j'ai le contrôle sur ses productions que je souhaite utiliser sur mes propres réalisations. (Baz prend un air grave à l'évocation de son père, David Bierk, artiste peintre décédé en 2002).

Revenons à tes projets pour les mois qui vont venir. Quand aura-t-on le plaisir de te revoir en France ?

C'est tout ce que je souhaite. Mais j'adore les grandes scènes, et même si j'aime l'Elysée Montmartre, j'adorerais refaire le Zénith à Paris ! (Rires). Mais je me rappelle très bien la tournée " Subhuman Race ", quand nous sommes montés sur la scène de l'Elysée sur le titre " Slave to the grind " et cette folie qui s'est emparée du public. C'était dément !

Metal Mike entre alors dans la pièce et Baz exige qu'il me raconte son histoire.

Allez Mike, raconte moi donc ton histoire.

Metal Mike : Mon histoire est celle d'un gars assez chanceux pour avoir jouer avec le plus grand chanteur de toute l'histoire du Heavy Metal, Rob Halford. Dès 1999, sur l'album " Ressurection ", puis " Crucible ", et pour deux tournées mondiales, avec enfin l'enregistrement du " Live insurection ". Après avoir sorti un album avec PAINMUSEUM, mon projet solo, Baz m'a contacté et nous tournons partout depuis deux ans.

Baz : Le truc est que " Resurrection " est un de mes albums préférés de tous les temps. Lorsque j'étais à Broadway, j'écoutais cet album tous les soirs avant de monter sur scène. Et sur la tournée avec GUNS'N ROSES, c'était le " Supremacy " de HATEBREED. Et maintenant, c'est le HELLYEAH qui nous fait monter la pression avant chaque show. Vinnie Paul est si bon …

Vous avez d'ailleurs fait récemment une grosse fiesta ensemble en Nouvelle Zélande.

Metal Mike : Tu parles, c'était terrible.

Baz : Lorsque j'étais à Broadway, je m'envoyais " Resurrection " chaque soir, et plus particulièrement " The one you love to hate ", qui me faisait rentrer dans mon personnage, le terrible Mister Hyde " I'm the one you love to hate / I'm made in Hell / I'm gonna take you to Hell / … " . (Baz se lève et revit sa transformation en reprenant le refrain. Génial !). Je te jure, je me sentais habité, sorti des enfers. Et le dernier soir, j'étais dévasté et triste. Je n'arrivais pas à assumer de quitter la scène pour la dernière fois et, avant le début du show, j'ai mis le morceau " Silent scream " à fond pendant que je me préparais et j'étais au bord des larmes. On était là avec cet autre acteur, un gars de 75 ans et on est tombé dans les bras l'un de l'autre en pleurant comme des gosses tellement il y avait d'émotion.

Metal Mike : Silent Scream fut le premier titre écrit pour " Resurrection ". Cet album signifie beaucoup car lorsqu'on l'a écrit avec Rob, il avait en projet un second volume à son projet " Two ". Et c'est ce titre qui l'a ramené dans le Heavy Metal. Il voulait vraiment des titres comme ça pour revenir dans l'univers du Metal. Le reste appartient à l'histoire.

Et maintenant, tu as joint tes forces à celles de Baz.

Baz (à propos de Mike) : Ce mec a son studio d'enregistrement près de chez moi, et je peux te dire qu'il s'y connaît méchamment en matière de son.

A partir de là, l'interview part en vrille. Cela fait près de deux heures qu'on discute. Baz, qui s'est envoyé une bouteille de vin ne tient plus en place, il chambre son manager et Metal Mike et ne veut toujours pas sortir dans le couloir où quelques groupies espèrent encore un autographe. Le reste du groupe nous a rejoint. Chacun raconte la sienne, Baz évoque DimeBag et sermonne Roberto, le tourneur, en lui rappelant de ne plus faire monter personne sur scène, du fait de ce qui est arrivé à son meilleur ami en 2004.

Le retour sur terre, je vous l'ai déjà raconté à travers le live report du show qui a précédé cet entretien. Un dernier conseil : ne ratez la prochaine venue de Baz en Europe pour rien au monde, le garçon se faisant rare de ce coté-ci de l'Atlantique. Et puis, c'est pas tout les jours qu'on croise le transfuge de Dee Snider et de David Lee Roth en chair et en os ! YvesZ.

 

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